Le réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) suit de près la détérioration des droits de l’Homme en Égypte. Cette dégradation a encore été manifeste lors du quatrième anniversaire de la révolution égyptienne ce 25 janvier, lors duquel une nouvelle confrontation entre les forces de police et des manifestants pacifiques a eu lieu, menant à la mort de plus de vingt d’entre eux.
Au-delà du recours régulier à l’usage excessif de la force par les services de sécurité, avec plus de 1400 morts dans des violences depuis la destitution de Mohamed Morsi, l’Égypte connaît un contexte général de répression sévère de tous les mouvements de contestation, marqué par de nombreux cas d’arrestations, de tortures et d’exécutions arbitraires. La loi de novembre 2013 sur les manifestations publiques a conduit à des centaines d’arrestations et de condamnations de figures emblématiques de la contestation, comme Yara Sallam et Alaa Abdel Fattah, pour avoir organisé des rassemblements jugés illégaux. Depuis juillet 2013, le gouvernement a mené une campagne d’arrestations massives avec plus de 41000 personnes emprisonnées. Cette répression cible non seulement des personnes accusées d’appartenir au mouvement des Frères musulmans, mais également des activistes, défenseurs des droits de l’Homme, étudiants, journalistes et médias, pour le simple fait de s’être opposé à la politique du gouvernement.
Le REMDH est conscient de la place importante qu’occupe l’Égypte sur la scène diplomatique européenne et internationale, notamment dans la lutte contre les avancées de l’organisation terroriste portant le nom d’ « Etat Islamique ». La menace mondiale du terrorisme, qui a tragiquement frappé la France récemment, est loin de nous échapper. Nous sommes également conscients des efforts déclarés par les autorités égyptiennes quant aux violences armées visent les citoyens égyptiens et les forces de sécurités. Cependant, c’est également sous la bannière de la lutte contre le terrorisme que s’opère la terrible répression contre les voix critiques et indépendantes en Égypte. La violation des droits de l’Homme et l’absence d’état de droit contribuent à la radicalisation et à la violence, pour finalement conduire une jeunesse désespérée vers le recrutement par des groupes terroristes.
Au vu de cette forte dégradation de la situation des droits de l’Homme en Égypte et des engagements du gouvernement français tels qu’énoncés dans la position commune 2008/944/PESC définissant des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires et les conclusions du conseil de l’union européenne du 21 août 2013, le REMDH appelle le gouvernement français à suspendre immédiatement toutes ses exportations d’armes et de matériel de sécurité à l’Égypte, ainsi que tous contrats actuellement en négociation, et ce à tout le moins tant que les autorités de ce pays ne cessent leur répression violente contre les mouvements de dissidence légitime et de défense des droits de l’Homme.