Les manifestations de la Grande marche du retour dans la Bande de Gaza ont débuté le 30 mars 2018 et ont duré jusqu’en décembre 2019. Pendant près de deux ans, les Palestinien.ne.s ont manifesté tous les vendredis le long de la clôture érigée par Israël pour demander que le droit des réfugié.e.s palestinien.ne.s à retourner chez eux.elles soit respecté et que la fermeture de la Bande de Gaza soit levée. Selon les Nations unies, 189 Palestinien.ne.s ont été tué.e.s et 6.103 blessé.e.s par l’armée israélienne au cours de la seule année 2018. Les groupes de défense des droits humains estiment, quant à eux, le nombre total de victimes à plus de 200 personnes mortes, dont 20 enfants, et jusqu’à 19.234 blessé.e.s, dont 2.125 enfants. EuroMed Droits a récemment interviewé une militante qui a été touchée à l’œil pendant les manifestations (podcast disponible en arabe).
Pendant toute la durée des marches, des organisations palestiniennes, israéliennes et internationales de défense des droits humains ont dénoncé l’usage excessif, indiscriminé et disproportionné de la force meurtrière par l’armée israélienne. Comme l’a noté la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) en 2018, les violences contre les civils, dans une situation telle que celle qui prévaut à Gaza, pourraient constituer des crimes de guerre en vertu du Statut de Rome de la CPI. Cependant, trois ans après le début de ces événements, la justice reste en suspens dans la Bande de Gaza. Les enquêtes visant à établir les responsabilités pénales n’ont pas été lancées ; les membres de l’armée et du gouvernement israéliens responsables de la conception, de l’approbation et de l’exécution de la politique du « tirer pour tuer » visant les manifestant.e.s n’ont pas été poursuivis, et les dizaines de milliers de victimes palestiniennes n’ont pas obtenu de réparation adéquate.
La Procureure de la CPI a récemment annoncé l’ouverture d’une enquête sur la situation en Palestine, une décision saluée par les groupes de défense des droits humains qui dénoncent depuis des années ces crimes de guerre et ces violations du droit international. Au lieu de maintenir sa politique d’indifférence et d’exceptionnalité à l’égard des crimes graves commis contre les Palestinien.ne.s, l’Union européenne ne devrait pas laisser passer l’occasion de défendre la justice et les droits humains. En effet, l’enquête de la CPI offre une opportunité historique à l’UE d’inverser son approche négative et de soutenir la redevabilité en Israël/Palestine.
La bonne nouvelle est que la procédure de la CPI va se poursuivre, et ce, malgré les diverses tentatives de sabotage du gouvernement israélien et d’autres gouvernements alignés sur la politique israélienne. Cela crée un nouvel horizon pour la justice et un espoir pour les droits humains des Palestinien.ne.s. La question est désormais la suivante : de quel côté l’UE va-t-elle se ranger ?
Cet article est tiré d’une tribune d’EuroMed Droits publiée dans EU Observer (en anglais).