EuroMed Droits est consterné par la fermeture des locaux de l’organisation Nazra for Feminist Studies, une décision annoncée par l’organisation ce vendredi 16 mars 2018. La fermeture découle directement du gel des avoirs de l’organisation et de sa fondatrice et directrice, Mozn Hassan, il y a 14 mois, dans le cadre de l’Affaire N. 173, également connu sous le nom de « affaire des financements étrangers des ONG ».
Bien que Nazra compte poursuivre ses activités et services par le biais de ses bénévoles, l’impossibilité de maintenir une présence légale est préoccupante ; la fermeture des locaux constitue un grave revers pour le mouvement féministe en Egypte et compromet l’existence d’une sphère publique sécurisée pour les femmes, dans laquelle celles-ci peuvent participer à la vie politique dans un environnement dépourvu de violence et de discrimination.
Le Président d’EuroMed Droits, Michel Tubiana, déclare :
« C’est une heure sombre pour les organisations de la société civile et les droits des femmes en Egypte. La fermeture du bureau de Nazra est un nouvel exemple de la façon dont la société civile est étouffée en Egypte. Le gouvernement égyptien restreint systématiquement l’espace accordé aux voix indépendantes. Notre organisation est très préoccupée par cette répression, car elle pourrait aboutir à l’élimination complète de la communauté des droits de l’homme en Egypte. La communauté internationale doit réagir ! Restreindre la liberté d’association afin de punir d’autres voix politiques pacifiques est en violation totale des obligations internationales de l’Egypte.
La fermeture de Nazra, c’est aussi une profonde source d’inquiétude pour toutes les femmes en Egypte. Même si les activités de l’organisation vont se poursuivre grâce à ses bénévoles, le travail de Nazra en matière de promotion de l’égalité des genres, son impulsion pour la présence des femmes dans la sphère publique, ainsi que ses services de soutien aux victimes des violences sexistes et de la discrimination seront affaiblis par la fermeture du bureau. »
EuroMed Droits exprime sa solidarité avec tous les bénévoles de Nazra, qui vont continuer à travailler pour promouvoir les droits des femmes en Egypte. Nous appelons la communauté internationale à renforcer son appui aux organisations de la société civile, y compris celles qui défendent et promeuvent les droits des femmes en Egypte. En particulier, l’Union Européenne et les Etats membres doivent tenir compte dans leurs relations bilatérales avec l’Egypte, de ces pratiques qui violent de manière systématique les normes démocratiques les plus fondamentales, et empêchent l’existence d’une société civile indépendante. Le cas de Mozn Hassan doit être abordé d’urgence avec les autorités égyptiennes. Le harcèlement et l’intimidation des défendeurs des droits humains et des droits des femmes, notamment par le recours à des arrestations arbitraires, interrogatoires, interdictions de voyager et gel des avoirs doivent cesser immédiatement.