Lors du dernier « Iftar de la famille égyptienne » organisé lors du Ramadan, le Président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi a appelé à la tenue d’un « dialogue politique national global sans discrimination ».
Cet appel soudain s’inscrit dans un contexte particulier. Sur le plan politique, la sphère publique est presque entièrement confisquée. Des milliers de prisonniers politiques de diverses obédiences (islamistes, libéraux, etc.), de journalistes et de défenseur.se.s des droits humains sont derrière les barreaux, certain.e.s en détention provisoire depuis plus de deux ans. Le régime égyptien fait donc face à une forte pression extérieure concernant son bilan en matière de droits humains.
Sur le plan économique, l’Égypte est confrontée à une grave crise économique, à une dette extérieure galopante, à l’inflation et à un effondrement partiel de sa monnaie par rapport au dollar américain, et ce, avant même les récentes répercussions de la crise économique mondiale, de la guerre en Ukraine et de la pandémie de COVID-19.
Cet appel au dialogue est considéré par beaucoup comme un stratagème pour détourner l’attention de la détérioration de la situation économique et pour atténuer les critiques occidentales sur les mauvais résultats de l’Égypte en matière de droits humains. Nul ne saurait juger le sérieux des autorités dans leur volonté d’apporter un réel changement dans la vie politique car il est difficile de se fier aux plans et déclarations officiels sans la levée des sévères restrictions imposées à toutes les formes de liberté d’expression.
Si la récente libération de prisonniers politiques constitue assurément un pas en avant, elle ne répond pas aux attentes des Égyptien.ne.s. De nombreux militant.e.s de la société civile souffrent depuis des années de restrictions à leur capacité à mener leur travail légitime, d’interdictions de voyager et du gel de leurs avoirs. Cette situation a conduit un certain nombre de défenseur.se.s et de personnalités publiques à signer une pétition énonçant dix mesures de confiance efficaces pour le succès et l’efficacité d’un véritable dialogue national.
Les signataires demandent la fin de la répression politique et de la confiscation des libertés publiques, ainsi que la libération immédiate des détenu.e.s politiques et des prisonniers d’opinion. Si le gouvernement égyptien souhaite faire un pas clair vers un dialogue national global avec la société civile, il sait maintenant quoi faire.