Alya Cherif Chammari, membre du bureau exécutif du REMDH, a présidé la conférence d’ouverture du colloque.
Période charnière pour les droits des femmes
Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), avec l’appui de l’institut DANNER et de l’Union européenne, ainsi que la participation de plusieurs organisations féministes tunisiennes, a organisé le 29 septembre un séminaire sur le thème des « droits des femmes en période électorale et la place de la loi intégrale dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles ».
À l’occasion de la conférence d’ouverture, l’ambassadeur-chef de l’UE à Tunis, Laura Baeza, presse les organisations de la société civile à poursuivre leur travail remarquable pour le droit des femmes. De même, en contexte électoral et en présence du président de l’ISIE Chafik Sarsar, elle appelle les partis à défendre ces mêmes droits, notamment la parité dans la vie politique.
Le secrétariat d’État à la Femme et à la Famille (SEFF) a pour sa part présenté les grandes lignes de la loi intégrale en préparation. Ce texte, qui doit être plus qu’une « loi incantatoire », a vocation à devenir un outil juridique efficace, selon la juriste et militante Sana Ben Achour, qui assiste le SEFF dans ce travail de longue haleine. Le champ d’action de cette loi vise à englober tous les aspects de la lutte contre la violence et la discrimination : de la Prévention à la Punition, en passant par la Promotion et la Protection.
Prochaine étape : défendre l’intégrité de la loi intégrale
Trois ateliers se sont tenus l’après-midi pour compléter le travail des experts qui travaillent sur la rédaction du projet de loi. Compte tenu des échéances clés à venir, les participants ont notamment traité de la violence à l’égard des femmes en période électorale, mais aussi des sources de la violence électorale et politique, ainsi que de la façon dont la société civile doit apporter son soutien pour l’adoption de la loi intégrale en préparation.
Pour sa part, Mme Baeza estime que « le projet de loi devrait être transmis à l’ANC d’ici fin octobre 2014 », parce qu’il y a « urgence ». « L’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes révèle que près de la moitié des femmes déclarent avoir subi au moins une des multiples formes de violence pendant leur vie », déplore la plus haute représentante de l’UE en Tunisie.
Le texte en gestation propose plusieurs mesures innovantes qui risquent de rencontrer l’opposition d’une partie de la classe politique, voire de la frange conservatrice de la société tunisienne. Il est donc essentiel qu’une coordination des efforts aboutisse au vote de la loi en conservant son esprit et son intégrité malgré les amendements qui ne manqueront pas d’être proposés.
Dans cette optique, le projet de « Mobilisation de la société civile dans le suivi des relations entre la Tunisie et l’Union européenne » du REMDH peut d’ailleurs servir de catalyseur à l’action des associations. À travers son groupe de travail sur l’égalité homme femme, les ONG tunisiennes pourront à la fois défendre leurs recommandations auprès du SEFF, mais aussi coordonner leurs actions pédagogiques à destination du public.
Laura Baeza, ambassadrice-chef de l’Union européenne à Tunis, appelle les partis politiques à défendre les droits des femmes consacrés par la nouvelle la Constitution tunisienne.
Neila Chaabane, secrétaire d’État à la Femme et à la Famille, compte présenter le projet de loi intégrale sur la violence à l’égard des femmes et des filles avant la fin de son mandat au gouvernement.