Front Line Defenders, Rassemblement Action Jeunesse (Raj), le Réseau des Avocats pour la Défense des droits de l’Homme, EuroMed Droits avec ses membres en Algérie, la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme, SOS Disparus – CFDA et le Syndicat SNAPAP, adressent leurs plus sincères condoléances à la famille de Mohamed Tamalt, déclaré décédé le 11 décembre 2016 à l’hôpital Lamine Debaghine d’Alger. C’est un fait d’une extrême gravité qui montre jusqu’à quel point peut mener la répression des voix critiques, l’instrumentalisation de la justice et le mépris pour la liberté et la vie humaine.
Journaliste indépendant résidant en Grande Bretagne, Mohamed Tamalt est rentré en Algérie le 18 juin 2016 et a été arrêté près du domicile de sa famille à Alger le 27 juin 2016 par des agents de la sécurité militaire. Dans un message Facebook, publié le 8 juin, il annonçait sa volonté de rentrer en Algérie malgré les nombreuses menaces de mort qu’il avait reçues suite aux textes et vidéos qu’il publiait sur son blog critiquant les responsables politiques algériens.
Depuis son arrestation, il avait entamé une grève de la faim pour contester le caractère arbitraire de sa détention, ordonnée par le juge d’instruction pour diffamation du président de la république et d’autres institutions sur la base des articles 144bis et 146 du Code pénal qui ne prévoient pas de peine de prison ferme. Lors de son procès en première instance où il a été condamné à 2 ans de prison, la Cour d’Alger avait requalifiée l’affaire afin d’y inclure l’article 144 du Code pénal qui prévoit jusqu’à deux ans de prison. Sa condamnation avait ensuite été confirmée en appel le 9 août.
Son état de santé s’est rapidement détérioré en prison. La demande de mise en liberté sous caution introduite par ses avocats dès le début du mois de juillet avait été refusée. Suite à son hospitalisation au mois d’août sa famille, qui avait pu lui rendre visite, avait remarqué une cicatrice sur son crâne. Seulement après son décès, le Ministre de la Justice a déclaré que les autorités judiciaires ont pris en charge la demande d’enquête sur ces blessures, introduite par sa famille.
Nos organisations appellent les autorités algériennes à :
- Ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente dans les plus brefs délais afin d’élucider les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt.
- Libérer les défenseurs des droits humains et activistes de la société civile qui sont en prison pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et cesser le harcèlement judiciaire à leur encontre.
- Garantir la liberté d’expression en conformité avec la constitution algérienne et le Pacte International pour les droits civils et politiques, ratifié par l’Algérie.
Nos organisations appellent également l’Union européenne et ses Etats membres à contacter les autorités algériennes et de leur faire part de leur préoccupations quant aux circonstances de la mort de Mohamed Tamalt et de la nécessité d’une enquête impartiale et transparente.