Tandis que l’Algérie se soumet à l’examen devant le Comité des Nations Unies pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, du 9 au 11 avril 2018, des arrestations massives se sont déroulées hier à Oran. EuroMed Droits et le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP/CGATA), présents à Genève pour cette 28ème session du Comité des droits des travailleurs migrants, dénoncent ces pratiques arbitraires et illégales qui doivent cesser immédiatement.
Après la grande opération d’expulsion de personnes migrantes issues des pays d’Afrique subsaharienne enclenchée aux aurores hier matin par les forces de la gendarmerie et de la police, à Oran, nos organisations redoutent la reconduite imminente et collective de ces personnes à la frontière. Nous rappelons que ces pratiques sont contraires à tous les traités internationaux ratifiés par l’Algérie. Les autorités algériennes se doivent d’assurer un traitement humain et respectueux des personnes migrantes.
Par ailleurs, nos organisations déplorent l’interdiction pour les ONG et les journalistes d’accéder au centre de Bir El Djir, lieu de rétention de ces personnes migrantes. Au total, c’est près de 300 personnes, toutes nationalités confondue (notamment issues du Nigéria, de Côte d’Ivoire, du Libéria et du Cameroun), dont des dizaines de femmes et d’enfants, qui ont été regroupées dans ce centre.
EuroMed Droits et le SNAPAP dénoncent également l’interdiction pour les personnes raflées et leurs proches de récupérer leurs biens personnels. Ce message par SMS envoyé par un migrant subsaharien depuis l’intérieur du centre de regroupement, sonne comme un véritable cri de désespoir :
« Il n’a jamais été vu ailleurs des Algériens traités de la sorte (comme des chiens errants). Veuillez noter que nous ne sommes pas des criminels ou des hommes à part. Mais, des gens qui ont des problèmes dans leurs pays et qui caressent l’espoir d’une vie sereine et plus ou moins stable hors de leurs pays respectifs ».
Nous appelons urgemment les organes compétents des Nations Unies, en particulier le Comité pour les droits des travailleurs migrants, le Comité aux droits de l’Homme des Nations Unies ainsi que le Rapporteur Spécial pour les droits de l’Homme des migrants, à dénoncer ces pratiques.