En février 2020, le mouvement de protestation du Hirak a fêté son premier anniversaire, rappelant ainsi que les revendications des manifestant.e.s en faveur d’un changement politique restaient sans réponse. Début mars, alors qu’augmentait le nombre de cas confirmés de personnes contaminées par le COVID-19 en Algérie, les organisations de la société civile impliquées dans le mouvement de contestation ont annoncé qu’elles suspendaient leurs manifestations par respect des mesures de confinement visant à limiter la propagation de la maladie.
Pourtant, les autorités ont continué à cibler les militant.e.s du Hirak durant cette période. Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées depuis la mi-mars. Alors que l’Algérie compte plus de 7.000 personnes atteintes par le COVID-19, beaucoup de militant.e.s pour les droits humains et activistes de la société civile, dont certains ont été arrêté.e.s bien avant le début de la pandémie, demeurent en prison sans connaître la date de leur procès.
De nombreux autres activistes, journalistes et blogueurs.euses continuent à être convoqué.e.s par les services de police. Certain.e.s sont actuellement derrière les barreaux. Il s’agit notamment de Khaled Drareni, journaliste indépendant, fondateur du site Casbah Tribune et correspondant de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), accusé « d’incitation à un attroupement non armé » et « d’atteinte à l’intégrité nationale ». Walid Kechida, créateur de la page Facebook « Hirak mêmes » est quant à lui poursuivi pour « atteinte à corps constitué, outrage et offense au Président de la République, et atteinte à l’entité divine ». Selon des avocats proches des dossiers, aucun des chefs d’inculpation retenus contre eux ne constitue une infraction légitime reconnue par le droit international.
L’une des rares éclaircies durant cette période de pandémie est venue de la libération, le 18 mai, d’Abelouahab Fersaoui, le président de l’association Rassemblement action jeunesse (RAJ), emprisonné depuis octobre 2019.
La poursuite de la campagne de harcèlement judiciaire et le maintien en détention des personnes arrêtées durant les manifestations du Hirak montrent l’intention du régime algérien de museler les mouvements sociaux et les défenseurs.ses des droits humains.