Depuis que les manifestations hebdomadaires du Hirak ont repris en février dernier, après avoir été interrompues pendant près d’un an à cause de la pandémie de COVID-19, des organisations de la société civile font face à une nouvelle escalade à leur encontre : blocages administratifs, interdiction et non autorisation d’activités, pressions sur les employé.e.s, menaces de dissolution… Toutes ces mesures visent simplement à réduire l’espace d’expression disponible pour la société civile.
Les associations de la société civile algérienne dénoncent à cet égard la multiplication des obstacles à leur fonctionnement et activité mis en place par les autorités, notamment la demande récente de déclarer toute manifestation. Cela s’ajoute à la stratégie déjà employée depuis plusieurs années visant à maintenir de nombreuses associations dans un vide juridique en ne les enregistrant pas au niveau administratif, notamment en n’accusant pas réception de leur demande d’enregistrement soumise en application de la Loi relative aux associations (la Loi 12/06 de 2012), extrêmement restrictive.
Parmi les derniers cas de harcèlement judiciaire envers le mouvement de défense des droits humains figure la citation à comparaître devant le tribunal administratif d’Alger envoyée au Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) le 26 mai dernier, suite à une requête déposée par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales. Actuellement le RAJ est menacé de dissolution. Le même jour, son président Abdelouahab Fersaoui a reçu une convocation pour se présenter « dans les plus brefs délais » au commissariat central de Bejaia.
« Nous appelons les autorités algériennes à mettre fin aux restrictions ciblant l’ensemble de la société civile et ayant pour seul objectif de criminaliser toute action de défense des droits humains dans le pays. Cette situation est aggravée par la multiplication des violences envers les manifestant.e.s, les interpellations et arrestations massives. Cela doit cesser ! », a déclaré le président d’EuroMed Droits, Wadih Al-Asmar.
« La liberté de réunion et de manifestations pacifiques et la liberté d’association doivent être garanties conformément aux articles 52 et 53 de la Constitution algérienne et aux traités internationaux », a ajouté Rasmus Alenius Boserup, le directeur exécutif d’EuroMed Droits.