Tandis que devait se tenir ce mercredi 30 novembre, en matinée, à Bouira, à 100 km au sud-est d’Alger, une manifestation de la fédération nationale des collectivités locales du SNAPAP contre les réformes économiques du gouvernement, les autorités algériennes ont empêché le rassemblement des syndicalistes. EuroMed Droits condamne avec fermeté les violences policières à l’encontre des militants.
Selon le témoignage de Yamina Maghraoui, présidente du comité des femmes et membre du bureau exécutif du SNAPAP, la manifestation a été rapidement dispersée par la police dès l’approche des premiers manifestants du siège de la wilaya (chef de département). Tous les accès ont été alors bloqués afin d’empêcher d’autres manifestants de rejoindre la marche.
Les premiers militants arrivés sur la place ont été arrêtés, puis embarqués violemment dans des camionnettes des forces policières. Yamina Maghraoui a été fortement bousculée, mais d’autres syndicalistes qui refusaient d’embarquer avec la Police, ont été battus à coups de matraque.
Avec 7 autres militants, Yamina Maghraoui a été retenue au commissariat de police pendant près de 7 heures. L’interrogatoire a porté uniquement sur les modalités d’organisation de la manifestation. Finalement, en fin d’après-midi, l’ensemble des militants ont été libérés.
Si deux autres mouvements de grève et de manifestations, organisés les jours précédents par le SNAPAP, s’étaient déroulés sans violence, il n’en demeure que des militants des droits humains font incessamment l’objet de sanctions administratives. Le SNAPAP venait d’ailleurs de décrier ces sanctions lors d’une conférence de presse la veille, à Béjaia.
Le droit de réunion est régulièrement bafoué en Algérie, et les rassemblements des syndicats sont dispersés parfois violemment. D’ailleurs, la Commission de l’application des normes de l’OIT à déjà, à deux reprises, en 2014 et 2015, rappelé l’Algérie à ses obligations, compte tenu des violations régulières de la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical en 2014 et 2015.
EuroMed Droits appelle les autorités algériennes à mettre un terme à la répression et au harcèlement à l’encontre des syndicalistes et des défenseurs des droits humains et à se conformer aux dispositions du Pacte international des droits civils et politique notamment en matière de liberté d’expression et de réunion.