Alerte
Bruxelles, 18 octobre 2018
Le journaliste Said Chitour a été arrêté le 5 juin 2017 à l’aéroport international d’Alger par les services de renseignement, puis placé en détention dans la prison d’El Harrach. Il a été poursuivi en vertu de l’article 65 du code pénal, car il aurait livré des informations classées secrètes à des diplomates étrangers. Alors que ses avocats soulignent l’absence de preuves sur les faits qui lui ont été reprochés, Said Chitour risque la prison à vie.
Détenu sans jugement depuis 16 mois, l’état de santé de Said Chitour est alarmant et ne cesse de se dégrader. Il souffre notamment d’une tumeur à la base du crâne, et d’un diabète sévère qui mettent sa vie en danger.
Said Chitour n’est pas un cas isolé, Mohamed Tamalt, journaliste algérien a été arrêté le 27 juin 2016 et condamné à deux années de prison ferme pour offense au président de la République et des institutions de l’Etat. Depuis le début de sa détention, il avait entamé une grève de la faim, qui a conduit à la détérioration de son état de santé et son décès en prison, le 11 décembre 2016.
Bien que la Constitution algérienne garantisse certains droits comme celui à la liberté d’association, de réunion et d’expression, les textes de lois qui les encadrent sont particulièrement restrictifs et utilisent des termes vagues qui permettent de poursuivre des personnes pour l’exercice pacifique de leur droit à la liberté de réunion et d’expression, et portent atteinte à la liberté de la presse.
Euromed Droits condamne la mise en détention arbitraire de Said Chitour, malgré son état de santé critique, et appelle les autorités algériennes à le libérer de toute urgence.
Euromed Droits rappelle également aux autorités algériennes, les recommandations du Comité des droits de l’Homme de l’ONU publiées le 27 juillet 2018, et en particulier l’observation n°36 : « s’assurer de la libération inconditionnelle de toute personne détenue de manière arbitraire et ouvrir des enquêtes efficaces et indépendantes sur toute allégation d’arrestation arbitraire», garantie par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Algérie (article 9).