Le 20e anniversaire de la déclaration de Barcelone et la révision de la politique européenne de voisinage (PEV) offrent à l’UE l’occasion unique de traduire les principes européens fondamentaux de démocratie, de respect des droits de l’Homme et de l’État de droit en une politique efficace envers ses voisins du sud en difficulté.
Dans ce « livre blanc », le REMDH présente en vingt mesures sa vision pour une PEV révisée fondée sur les droits de l’Homme qui contribue à la paix et à la stabilité dans le voisinage méridional de l’UE.
En 2011, les révolutions arabes ont révélé à la fois les aspirations des peuples arabes à la démocratie, à la justice et au respect des droits de l’Homme, ainsi que le besoin urgent de réviser la politique de l’UE à l’égard de cette région, dans la mesure où cette politique privilégie une stabilité et des intérêts à court terme au lieu de miser sur les droits de l’Homme. L’UE a reconnu les lacunes de sa politique et s’est empressée de renouveler sa PEV en mettant l’accent sur le principe de « démocratie solide ». Elle a également introduit le principe « donner plus pour recevoir plus », afin de subordonner l’aide de l’UE aux progrès réalisés en faveur d’une démocratie fonctionnelle, y compris dans le domaine des droits de l’Homme, de la société civile et de l’État de droit.
Ces principes louables n’ont toutefois pas été concrétisés de manière cohérente et consistante. L’UE devrait renforcer ses instruments et ses mécanismes en faveur des droits de l’Homme et de la démocratie dans la région, dans la mesure où ils sont vitaux pour la démocratie, la stabilité, ainsi que la résolution et la prévention des conflits.
Les relations entre l’UE et les pays de la Méditerranée du Sud sont davantage bilatérales que multilatérales. L’UE doit élaborer une stratégie régionale en faveur des droits de l’Homme et promouvoir un environnement propice à la société civile, à l’État de droit, l’égalité entre les hommes et les femmes et le respect des minorités. Dans ces efforts, l’UE devrait tendre la main à la société civile et aux organisations de défense des droits de l’Homme en tant que partenaires pour le changement et le développement.
Les révolutions arabes ont mis en exergue les inégalités entre les hommes et les femmes, mais aussi la volonté des femmes de voir leurs droits politiques et sociaux respectés alors qu’elles descendaient dans les rues aux côtés des hommes. La PEV devrait promouvoir les droits des femmes et leur participation égale à la vie politique, économique, sociale et culturelle.
Les récentes tragédies à répétition dans la Méditerranée ont ramené au premier plan la question des migrants et des réfugiés, en particulier ceux qui fuient les conflits et la persécution. Jusqu’à présent, l’UE a adopté une politique migratoire inefficace axée sur la sécurité, une politique qui n’a pas permis d’éviter à des milliers de personnes de mourir en mer. Afin d’éviter ces morts inutiles et de se montrer à la hauteur de ses valeurs, l’UE devrait aborder les questions migratoires du point de vue des droits de l’Homme et appliquer les normes internationales, en particulier le droit d’asile.
La PEV ne contribuera à la paix et à la stabilité dans le voisinage méridional que si elle repose sur une politique régionale, axée sur les résultats et fondée sur les droits de l’Homme. Si l’UE décide de faire fi de la situation et de privilégier la stabilité à court terme d’États autocratiques au détriment des droits des citoyens et de leurs aspirations légitimes, elle ne fera qu’ébranler encore un peu plus sa crédibilité dans la région, ainsi que le bien-être de sa population.