La pandémie de COVID-19 a accru les difficultés à faire entendre la voix de la société civile, alors même qu’il y a tant de demandes de changement émanant de tant de personnes dans le monde privées de leurs droits fondamentaux.
C’est aussi un constat au sein de l’Union européenne selon un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) publié le 22 septembre dernier. L’agence note que « 57% des organisations de la société civile considèrent que leurs conditions de travail se sont détériorées en 2020 » et que « les menaces et les attaques ont augmenté » ; 60 % des organisations interrogées reconnaissent avoir des « difficultés à trouver des financements pour leur travail ».
Une société civile saine contribue à façonner les processus politiques, à organiser avec succès la participation politique, à dénoncer la corruption et les violations des droits humains et à demander des comptes aux acteurs étatiques. Et pourtant, la société civile indépendante, des deux côtés de la Méditerranée, reste menacée par une série d’acteurs qui emploient un mélange de méthodes légales ou quasi-légales, bureaucratiques, financières, politiques et liées à la sécurité. Les gouvernements occidentaux ne donnent pas la priorité à la réouverture de l’espace civique dans leurs agendas de politique étrangère. Ils s’abstiennent souvent d’accroître la pression diplomatique sur les gouvernements répressifs par crainte de nuire à leurs intérêts géopolitiques, sécuritaires ou économiques. Les gouvernements qui réduisent au silence les critiques au niveau national sont moins enclins à dénoncer les restrictions imposées à la société civile à l’étranger, et lorsqu’ils le font, leur crédibilité est faible.
Une société civile résiliente
Ces dernières années, les institutions et les pratiques multilatérales ont été affaiblies et les violations flagrantes des droits humains restent impunies. Cependant, malgré les « défis habituels », la contribution de la société civile à l’avancement de la démocratie et à la protection des droits humains n’a pas été laissée de côté par les acteurs institutionnels : l’élaboration et l’adoption de l‘Observation Générale 37 en juillet 2020 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui constitue un guide complet sur le droit de réunion pacifique tel qu’inscrit dans l’article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), n’ont été possibles que grâce à l’implication et à la coopération des institutions multilatérales, des États et de la société civile.
L’importance de la société civile a également été soulignée par l’adoption de la note d’orientation des Nations unies sur la protection et la promotion de l’espace civique en septembre 2020 et par sa participation à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Dans une nouvelle tentative de renouveler le multilatéralisme, les institutions internationales ne devraient pas tenir les acteurs de la société civile à l’écart de leurs travaux, mais au contraire les inclure davantage.