Le 27 mars, le président de la région des îles Canaries, Angel Victor Torres, a déclaré que le « bonnes relations » entre l’Espagne et le Maroc profitaient aux régions frontalières. Selon lui, nous assistons à une normalisation progressive des relations entre l’Espagne et le Maroc, entraînant une diminution des flux migratoires irréguliers. Cependant, Angel Victor Torres a insisté sur la vigilance maximale en la matière, même en cas de mauvaises relations. NB : Deux semaines plus tôt, il avait visité le Maroc pour renforcer la coopération économique et commerciale entre les deux pays. A cette occasion, il a rencontré le chef du gouvernement, le ministre des affaires étrangères ainsi que le ministre de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
Depuis 2019, la région marocaine de Béni Mellal-Khénifra est marquée par de nombreuses disparitions de migrant·es. Le 27 mars s’est tenu le procès de personnes accusées du naufrage d’un bateau de migrant·es au large de Lâayoune il y a un an, qui a fait plus de dix morts. Les familles des victimes se sont rassemblées pour appeler l’Etat marocain à faire lumière sur ce drame. De plus, la politique des visas de l’UE est également critiquée.
Le 25 mars, Alarm Phone a signalé le naufrage d’une pirogue transportant 50 personnes au large de Dakhla. Seuls 9 ont survécu. Le 15 mars, 21 personnes en détresse ont été sauvées, amenées en toute sécurité sur l’île d’Alboran puis transférées à Melilla par Salvamento Marítimo. Le 9 mars, 16 personnes ont été retrouvées échouées sur Alboran puis ramenées en toute sécurité sur le continent à Motril trois jours plus tard.
Le 16 mars, des dizaines de migrant·es ont été délogé·es par la police marocaine depuis leur camp informel du mont Gourougou, dans le nord du Maroc, près de Nador. Selon InfoMigrants, les exilé·es se cachent généralement dans la région en attendant de tenter de rejoindre l’Espagne par voie terrestre via l’enclave de Melilla ou par la mer Méditerranée. Depuis plusieurs mois, le nombre de migrant·es subsaharien·nes renvoyé·es vers l’intérieur du Maroc depuis le nord a considérablement augmenté. Des centaines d’exilé·es se retrouvent bloqué·es à Casablanca, empêché·es de regagner Nador ou Tétouan près de la côte, d’où partent des bateaux pour l’Europe.
Le 13 mars, le médiateur espagnol a fermé son enquête sur la tragédie meurtrière qui a eu lieu l’année dernière le 24 juin lorsque des dizaines de migrant·es ont été tué·es par les forces de sécurité marocaines à la frontière entre la ville de Nador et l’enclave espagnole de Melilla. Selon El País, le médiateur a conclu que les 470 déportations de Melilla vers le Maroc qui ont été menées ce jour-là, alors que plus de 1700 migrant·es tentaient de franchir la frontière, étaient illégales. Les migrant·es ont été renvoyé·es via des procédures accélérées et, une fois au Maroc, brutalement battu·es par les forces de sécurité marocaines, selon les vidéos et les témoignages diffusés par les survivant·es. Le 22 mars, le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska cmoparaissait devant la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen pour fournir des explications et faire la lumière sur l’événement. Grande-Marlaska a décliné toute responsabilité dans la mort des 23 migrant·es qui ont tenté de franchir la frontière entre le Maroc et Melilla en juin dernier, insistant sur le fait qu’aucun décès n’avait eu lieu sur le sol espagnol. Le 21 septembre, lors d’une comparution devant les députés espagnols, Grande-Marlaska avait défendu l’action de la police contre ce qu’il avait alors qualifié d’« agression violente ».
Le 12 mars, plus d’une dizaine d’ONG marocaines a publié une déclaration commune dénonçant les discours racistes et haineux contre les migrant·es d’origine subsaharienne au Maroc et en Afrique du Nord. Les organisations de défense des droits humains ont déclaré avoir été témoins d’une montée des discours racistes contre les immigré·es tant dans l’espace public réel que virtuel au Maroc, qui s’est exacerbée après la remarques controversées du président tunisien Kaïs Saïed accusant les migrant·es subsaharien·nes d’être une menace démographique pour son pays. Les ONG ont souligné que les déclarations racistes et discriminatoires « exagérant la présence d’immigrés sont contredites par les statistiques », notamment les données officielles sur le nombre d’immigré·es au Maroc.