Le Pacte européen sur les migrations proposé ne résout rien et est tout simplement irréalisable, déclare EuroMed Droits en amont d’une conférence ministérielle sur les flux migratoires.
Irréalisable et inhumain. Telles sont les principales conclusions du dernier rapport d’EuroMed Droits (en anglais) sur le nouveau Pacte de l’UE sur la migration et l’asile. Publié durant la Conférence ministérielle sur la gestion des flux migratoires, ce rapport propose une interprétation complète et cohérente des effets possibles du nouveau Pacte sur les politiques et pratiques internes et externes de l’UE.
Les nouvelles règles ne simplifieront aucunement la procédure d’arrivée dans les pays européens. En analysant les données sur les arrivées en 2020, le rapport montre comment l’Espagne et l’Italie devraient respectivement multiplier par 6 et 7 leur nombre de centres de détention formels et informels si les règles du Pacte de l’UE étaient mises en œuvre. Selon ces règles, dans une situation de crise similaire à celle de 2015, la Grèce devrait multiplier par 34 ses centres de détention.
La solution de relocalisation déjà proposée dans l’Agenda Européen en matière de migration pour 2015-2020 démontre comment la proposition actuelle du Pacte ne peut pas fonctionner. Dans le cadre du plan 2015, l’Italie et la Grèce n’ont pu effectivement relocaliser qu’un tiers du nombre total envisagé. En ce qui concerne la « solidarité », plusieurs États membres (Pologne, Hongrie, République tchèque) ont simplement refusé à l’époque de relocaliser les demandeurs.ses d’asile, tandis que d’autres (Autriche, Bulgarie et Slovaquie) se sont engagés sur un pourcentage beaucoup plus faible que prévu. Ce scénario pourrait s’aggraver avec l’introduction, sous le concept de « solidarité », de parrainage de retour et de soutien aux politiques d’externalisation comme alternative à la relocalisation.
Le rapport souligne également comment le Pacte européen conduirait au démantèlement des systèmes vertueux d’accueil et d’intégration en limitant l’espace d’asile et en niant l’évaluation fondamentale des vulnérabilités des migrant.e.s et des demandeurs.ses d’asile. Déclarer qu’il n’y aura plus de [camp de] Moria, ne les fait pas disparaître par magie. De la même manière appeler « solidarité » un système dont l’objectif principal est de renvoyer le maximum de personnes migrantes ne le rend pas « solidaire ».
« La mise en œuvre proposée du Pacte de l’UE sur l’asile et la migration montre non seulement un mépris pour la vie et les droits des migrant.e.s et des demandeurs.ses d’asile, mais aussi le mépris des situations difficiles auxquelles sont confrontés certains pays de première arrivée. Ce Pacte n’est rien d’autre qu’un exercice de communication qui ne fera qu’aggraver une situation déjà désastreuse en matière de droits humains. Il n’est pas digne de ce que l’on pouvait attendre de l’Union européenne » a déclaré Wadih Al-Asmar, président d’EuroMed Droits.