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Mission de solidarité aux défenseurs des droits humains en Turquie

Rapport mis à jour (7/6/2016): LIRE LE RAPPORT COMPLET ICI

Préoccupés par les informations relatant l’escalade de la violence et les graves violations des droits humains en Turquie, EuroMed Droits et la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme) ont organisé une mission conjointe en Turquie du 20 au 24 Janvier 2016. La mission se donnait pour objectif d’apporter un soutien aux défenseurs des droits humains et aux activistes de la société civile en Turquie, et de récolter par ailleurs des informations sur la situation. Nous présentons ici les principales conclusions de notre rapport.

La violence qui s’est intensifiée dans le sud-est de la Turquie au cours des derniers mois, le nombre de morts, y compris les victimes civiles, et le nombre toujours plus grand de personnes touchées par les opérations militaires (y compris par l’application des couvre-feux) portent nos organisations à croire que le conflit a largement dépassé le seuil d’une lutte interne ; c’est désormais un conflit interne armé.

Le gouvernement turc ignore les obligations internationales de base dans la conduite de ses opérations militaires et leurs conséquences sur la vie des habitants qui résident dans les zones touchées et qui sont donc soumis à une punition collective.

Les forces du PKK et leurs affiliés semblent avoir commis eux-aussi un certain nombre de violations liées aux droits humains, en touchant notamment au droit à la vie des personnes civiles (y compris le personnel médical) et en recrutant des personnes mineures pour les combats.

Nous sommes consternés par l’expansion des moyens de répression de la Turquie pour faire taire les opinions indépendantes. Si la Turquie reste formellement une démocratie, elle est de plus en plus marquée par un régime autoritaire. Le pouvoir judiciaire semble particulièrement affecté par l’ingérence politique, servant d’outil pour écraser les défenseurs des droits humains, les journalistes, les syndicalistes et toutes les voix exprimant des opinions dissidentes. A ce stade, toute opposition au gouvernement de l’AKP est assimilée à une trahison et au terrorisme. A la manière dont le gouvernement turc accentue la répression et méprise les droits humains et le pluralisme, l’Etat de Droit est clairement menacé.

EuroMed Droits et la FIDH estiment qu’aucune solution militaire ne peut être trouvée pour résoudre la question kurde. C’est de toute urgence que les parties devraient convenir d’un cessez-le-feu et d’un règlement pacifique et négocié qui reconnaîtrait le droit à l’autodétermination des Kurdes. Reconstruire le dialogue politique c’est aussi accepter des opinions différentes et une pluralité de points de vue qui s’expriment pacifiquement.

La pression internationale est nécessaire pour pousser le gouvernement turc à mieux respecter les droits humains et la primauté de l’Etat de droit, et afin de reprendre des négociations pour trouver une solution politique au conflit kurde.

Nous exhortons la communauté internationale, et en particulier l’Union européenne, à ne pas fermer les yeux sur la situation dégradante des droit à l’autodétermination des Kurdes. La lutte contre le terrorisme et la présence sur le territoire turc d’un grand nombre de réfugiés ont été utilisés comme une monnaie d’échange par les autorités turques. Cependant, la situation actuelle, et la probabilité d’un engagement direct et imminent de la Turquie dans le conflit en Syrie, ne peut que nourrir la spirale de la violence et apporter plus de déstabilisation régionale.

Regardez les vidéos de la conférence de presse organisée à Ankara le 23 janvier 2016 :
Introduction par Ozturk Turkdogan, President de l’IHD (The Human Rights Association, membre d’EuroMed Droits)
Intervention de Michel Tubiana, President d’EuroMed Droits
Intervention de Dimitris Christopoulos, Vice-President de la FIDH
Conclusion par Ozturk Turkdogan.