Rechercher

Nouveau Pacte européen : les migrant.e.s et réfugié.e.s traité.e.s comme des « colis à trier »

Le jour même de la Conférence des Ministres européens de l’Intérieur, EuroMedDroits présente son analyse détaillée du nouveau Pacte européen sur l’asile et la migration, publié le 23 septembre dernier. 

On peut résumer les plus de 500 pages de documents comme suit : le nouveau Pacte européen sur l’asile et la migration déshumanise les migrant.e.s et les réfugié.e.s, les traitant comme des « colis à trier » et les empêchant de se déplacer en Europe. Ce Pacte soulève de nombreuses questions en matière de respect des droits humains, dont certaines sont à souligner en particulier: 

L’UE détourne le concept de solidarité. Le Pacte vise clairement à « rétablir la confiance mutuelle entre les États membres », donnant ainsi la priorité à la cohésion interne de l’UE au détriment des droits des migrant.e.s et des réfugié.e.s. La proposition laisse le choix aux États membres de contribuer – en les mettant sur un pied d’égalité – à la réinstallation, au rapatriement, au soutien à l’accueil ou à l’externalisation des frontières. La solidarité envers les migrant.e.s et les réfugié.e.et leurs droits fondamentaux sont totalement ignorés. 

Le pacte promeut une gestion « sécuritaire » de la migration. Selon la nouvelle proposition, les migrant.e.s et les réfugié.e.s seront placé.e.s en détention et privé.e.s de liberté à leur arrivée. La procédure envisagée pour accélérer la procédure de demande d’asile ne pourra se faire qu’au détriment des lois sur l’asile et des droits des demandeur.se.s. Il est fort probable que la procédure se roulera de manière arbitraire et discriminatoire, en fonction de la nationalité du/de la demandeur.se, de son taux de reconnaissance et du fait que le pays dont il/elle provient est « r », ce qui est un concept douteux. 

L’idée clé qui sous-tend cette vision est simple: externaliser autant que possible la gestion des frontières en coopérant avec des pays tiers. L’objectif est de faciliter le retour et la réadmission des migrant.e.s dans le pays d’où ils/elles sont parti.es. Pour ce faire, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) verrait ses pouvoirs renforcés et un poste de coordinateur.trice européen.ne pour les retours serait créé. Le pacte risque de facto de fournir un cadre juridique aux pratiques illégales telles que les refoulements, les détentions arbitraires et les mesures visant à réduire davantage la capacité en matière dasile. Des pratiques déjà en place dans certains États membres. 

Le Pacte présente quelques aspects « positifs », par exemple en matière de protection des enfants ou de regroupement familial, qui serait facilité. Mais ces bonnes intentions, qui doivent être mises en pratiquesont noyées dans un océan de mesures répressives et sécuritaires. 

EuroMed Droits appelle les Etats membres de l’UE à réfléchir en termes de mise en œuvre pratique (ou nonde ces mesures. Non seulement elles violent les droits humains, mais elles sont impraticables sur le terrain: la responsabilité de l’évaluation des demandes d’asile reste au premier pays d’arrivée, sans vraiment remettre en cause le Règlement de Dublin. Cela signifie que des pays comme l’Italie, Malte, l’Espagne, la Grèce et Chypre continueront à subir une « pression » excessive, ce qui les encouragera à poursuivre leurs politiques de refoulement et d’expulsion. Enfin, le Pacte ne répond pas à la problématique urgente des « hotspots » et des camps de réfugié.e.comme en Italie ou en Grèce et dans les zones de transit à l’instar de la Hongrie. Au contraire, cela renforce ce modèle dangereux en le présentant comme un exemple à exporter dans toute l’Europe, alors que des exemples récents ont montré l’impossibilité de gérer ces camps de manière humaine. 

Lisez le résumé et l’analyse complète d’EuroMed Droits sur le nouveau Pacte européen sur l’asile et la migration.