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Quid du droit de manifester pour les droits humains ?

Le meurtre de George Floyd à Minneapolis a suscité une vague d’indignation et de colère, y compris dans les pays européens parmi les plus touchés par la vague de COVID-19. EFranceEspagneItalieBelgiqueRoyaume-UniDanemark et ailleurs, des dizaines de milliers de citoyen.ne.s ont crié leur revendication légitime à lutter contre la violence policière, le racisme institutionnalisé et la discrimination au faciès. Bien que la situation ne soit pas comparable aux Etats-Unis, dont le passé esclavagiste marque les esprits et les pratiques, le fait que de nombreux pays européens traînent une histoire coloniale non assumée alimente lindignation. Des manifestations à la suite d’événements similaires en Europe avaient déjà eu lieu pendant et juste après le confinement, comme en Belgique et en France. 

Ces manifestations ont déclenché de vifs débats sur le droit de manifester pour une cause juste contre le devoir de suivre les directives sanitaires. Bien que le masque était de sortie, de nombreux responsables politiques ont déclaré que ces manifestations anti-racistes auraient dû être interdites au lieu d’être tolérées Cette polémique est éminemment politiquecertains virologues soulignant que les manifestations devraient avoir peu ou pas d’impact sur la pandémie. Emmanuel André, responsable à l’époque du traçage du virus en Belgique, a tweeté : « Si le racisme n’existait pas, 10.000 personnes n’auraient pas dû rappeler à Bruxelles que nous sommes tous égaux ».  

L’article 11 de la Convention européenne des droits de l’Homme prévoit que la liberté de réunion pacifique puisse faire l’objet de restrictions afin de protéger la santé. Cependant, à l’heure où la plupart des pays « déconfinent » de nombreux secteurs, combien de temps peut durer un tel discours ? Même si la pandémie poursuit son chemin, à pas feutrés, ne serait-il pas temps de permettre à la liberté de s’exprimer et de manifester de refaire surface en assouplissant certaines contraintes sanitaires ? Si ce n’était pas le cas, à l’heure où les restaurants, piscines et cinémas rouvrent, les citoyen.ne.s pourront alors légitimement clamer que la crise du COVID-19 a contribué à museler leurs libertés fondamentales. 

La question de l’équilibre entre liberté d’expression et santé publique se pose également au sud de la Méditerranée, comme en Algérie où le mouvement du Hirak a été mis en quarantaine, en Egypte où le régime veut faire taire toute contestation, ou encore en Israël/Palestine où les Palestien.ne.s sont discriminé.e.s comme jamais. Mais c’est aux Etats-Unis que l’enjeu principal demeure, surtout si l’irascible et imprévisible Donald Trump est réélu en novembre, ce qui gonflerait les voiles des populistes de tout poil, y compris dans la région euro-méditerranéenne.