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Escalade de la violence en Turquie: Nouveau coup dur pour les droits humains

Ankara/Copenhague, le 27 juillet 2015 — Le 20 juillet, l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) se serait rendu coupable d’une attaque à la bombe qui a tué 32 personnes et blessé 100 jeunes citoyens dans la ville de Suruç (province de Şanlıurfa), une ville à la frontière de Kobané. Deux agents de police auraient également été tués par des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) la nuit du 22 juillet alors qu’ils dormaient à leur domicile. Dans ce contexte, EuroMed Droits tient à exprimer ses plus vives préoccupations quant aux arrestations massives et aux violations des droits humains en Turquie.

En réponse à cette attaque, le gouvernement turc a annoncé qu’il poursuivrait les coupables et a lancé une attaque aérienne sur l’EIIL, avec pour résultat l’arrestation de plusieurs activistes de l’organisation terroriste.

EuroMed Droits est toutefois consternée d’apprendre que le gouvernement turc a procédé à des arrestations massives dans plus de trente villes du pays et arrêté plus de 800 personnes, principalement des opposants kurdes et de gauche du Parti démocratique des peuples (HDP).

Les médias en ligne de l’opposition auraient été bloqués et la police aurait fait une descente dans les locaux du syndicat des enseignants (Egitimsen) le 25 juillet. Bien qu’autorisées par les autorités turques à pénétrer dans la capitale pour bénéficier de soins médicaux, des familles en provenance de Kobané souhaitant se rendre à Ankara ont été arrêtées.

Rona Temelli, la secrétaire des femmes de l’antenne du Syndicat des fonctionnaires des services sociaux et de santé (SES) basée à Ankara, a elle aussi été arrêtée. Une citoyenne, Günay Özarslan, a été tuée à Istanbul par les forces de police au motif qu’elle leur aurait résisté.

Peace Block, un mouvement composé de partis politiques et d’organisations de la société civile, dont l’Association des droits humains (İHD), membre d’EuroMed Droits, a annoncé qu’il organiserait une grande manifestation en faveur de la paix à Istanbul. Le gouverneur d’Istanbul a toutefois décidé d’interdire cette manifestation sous le prétexte de la sécurité.

Toutes ces opérations sont menées en vertu du nouveau train de mesures sur la sécurité entré en vigueur en avril dernier.

EuroMed Droits dénonce l’escalade de la violence en Turquie. Les récents épisodes de violence dans le pays constituent de graves violations des droits humains, tels que le droit à la vie, la liberté de la presse et d’Internet, ainsi que la liberté de réunion.

« Nous exhortons les autorités turques à respecter les droits des individus en état d’arrestation. Des enquêtes administratives et judiciaires doivent être menées sur les fonctionnaires qui enfreignent les droits humains », a déclaré Michel Tubiana, président d’EuroMed Droits.